
Douze heures de route avec mes enfants

vers une parentalité douce, créative et poétique
Oui et non.
Sur le plan pragmatique, c’est très facile, puisqu’il s’agit tout simplement de permettre n’importe quel vêtement à l’un ou l’autre sexe, en évitant les imprimés ou les coupes qui véhiculent des stéréotypes de genre. Du coup, on peut se transmettre la plupart des vêtements entre frères et sœurs sans aucun problème, c’est pratique ! La seule difficulté consiste à fuir les enseignes qui proposent un classement des vêtements en fonction du genre de l’enfant car, quand bien même vous arpenteriez les deux rayonnages avec votre enfant, la bipartition « rayon fille » / « rayon garçon » sera perceptible par celui-ci. Heureusement, beaucoup de petites marques européennes, en plus de promouvoir une mode plus éthique, ont à cœur d’échapper à ce genre de catégorisation. Vous rencontrerez d’ailleurs dans ces boutiques – réelles ou virtuelles – des personnes généralement bienveillantes à l’égard des choix vestimentaires de votre enfant.
Mon fils devait avoir trois ans lorsqu’il découvrit, dans un coffre dans lequel je conserve les vêtements encore trop grands, une jupe en tulle à paillettes prêtée par une amie et initialement destinée à sa sœur. Je n’ai fait aucune difficulté à le laisser enfiler la jupe à la maison. Mais lorsqu’il s’est agi pour nous de sortir – nous devions récupérer notre voiture chez le garagiste – je tentai aussitôt de convaincre mon fils d’ôter cette jupe pour une tenue plus masculine. Lorsqu’il me demanda pourquoi seules les filles avaient le droit de porter robe et jupe, je fus bien en peine de répondre. Bien entendu, j’aurais pu aisément contourner sa question en usant de ma posture d’adulte, mais la naïveté sincère de sa question m’obligea à faire face à mon propre malaise : si je tenais à ce qu’il ôte cette jupe, c’était parce que je craignais le regard blessant que les autres pourraient poser sur lui à l’extérieur de notre maison. Nous nous rendîmes chez le garagiste sans que mon fils eut changé de tenue. Arrivés au garage, mon fils fut salué d’un jovial « bonjour mademoiselle » ; passionné de véhicules, il passa ensuite un bon moment avec le garagiste sous le châssis d’une voiture surélevée, à poser une multitude de questions. Il parle encore avec enthousiasme de cette rencontre.
Mais tout compte fait, quelle importance que ces distinctions vestimentaires entre les vêtements de filles et les vêtements de garçons relèvent de la convention sociale ? Est-il possible qu’habiller sa fille de rose et de paillettes et son garçon de bleu et d’imprimé à carreaux puisse se révéler véritablement néfaste pour l’enfant ? N’est-il pas légitime d’user d’un code couleur finalement bien pratique pour différencier les garçons et les filles ?
J’identifie deux conséquences du caractère genré des vêtements qui impactent véritablement le développement de l’enfant :
« Les étiquettes négatives ou positives, les jugements émis sur les autres, enferment et n’aident pas dans la connaissance de soi. »
Catherine Gueguen, Vivre heureux avec son enfant*
On pourrait argumenter en rappelant que les vêtements genrés pour enfants sont une invention des industriels du textile du siècle dernier qui, pour faire notamment face à la baisse de la natalité (qui impactait leur vente), eurent l’idée de générer davantage de demandes en différenciant les vêtements pour garçons de ceux pour filles. Ce changement fut rendu possible par la modification du statut de l’enfant lui-même, au début du siècle dernier et parallèlement à l’évolution des sciences modernes, qui se mit à être peu à peu considéré dès sa naissance comme un individu singulier (là où il était autrefois laissé aux bons soins d’un entourage quasiment exclusivement féminin jusqu’à l’âge de six ou sept ans, et habillé de robes blanches sans distinction aucune pour son sexe).
On pourrait également arguer que le bleu n’est pas une couleur masculine dans son essence : au XIIe siècle, le culte chrétien de la Vierge Marie, résidant au ciel, promeut cette couleur symbole de pureté et de maternité. Représentant des vastes espaces aériens ou océaniques, le bleu connote la paix, la douceur et la sérénité. Le rouge, au contraire, renvoie depuis longtemps à un imaginaire plus violent et dynamique, qui est celui du sang, de la guerre ou encore de la sexualité. Le bleu layette et le rose barbie qui organisent désormais les rayonnages des boutiques de vêtements pour enfants et des magasins de jouets relèvent donc de choix purement arbitraires et non immuables.
Lire la suite « Plaidoyer pour une mode enfantine non genrée (1/3) »Affectueux ou injurieux, les surnoms projettent sur l’être humain une image de lui-même renvoyée par l’autre ; pour le petit enfant qui est particulièrement dépendant d’autrui dans sa construction identitaire, il sera difficile de saisir que ces projections ne le désignent pas tout entier (ou qu’il n’a pas à s’y conformer) * clique ici pour en savoir plus *. D’autant que la plupart de ces surnoms ne sont pas neutres, mais renvoient à des idéologies discriminantes (compétitivité : « champion », genre : « princesse »…). Heureusement que June, du haut de ses trois ans, est là pour nous rappeler à l’ordre !
Siège enfant avant ou arrière, intégré ou optionnel, tandem deux et trois places, vélo cargo (bi ou triporteur), follow-me, remorque une ou deux places… : il existe une multitude de possibilité pour se déplacer à vélo avec enfants. Voilà plusieurs années que Géraldine, du blog Chasseur de bisous, et moi-même avons fait le choix d’abandonner la voiture pour nous déplacer quasi exclusivement en vélo avec nos enfants, été comme hiver. Dans cet article rédigé à quatre mains, nous vous proposons un retour de nos expériences avec un vélo cargo triporteur et un vélo muni d’une remorque deux places : à vélo avec ses enfants, avantages et inconvénients dans la capitale bruxelloise.
Après des mois à m’arracher les cheveux et à n’avoir pas assez de temps à consacrer que pour comprendre le problème (et encore moins le résoudre…), je suis de retour ! Et ça, c’est grâce à l’équipe de Bonjour Maurice, qui a eu la gentillesse de remettre le blog sur pied. L’aide qui m’a été apportée donne tellement de sens à la politique de partenariat de Minuscule infini : plutôt que de faire du blog une plateforme monnayable, privilégier les échanges qui ont du sens pour moi. Preuve en est ici qu’il n’est pas besoin qu’il soit question de sous pour que ça rapporte ! Je me réjouis de retrouver cet espace d’expression, qui je l’espère a encore de beaux jours devant lui.
PS : quelques articles ont disparu dans l’aventure ; s’ils te manquent, tu peux m’écrire un courriel à minusculeinfini@gmail.com pour me le signaler et je tâcherai d’y remédier dans la mesure de mes possibilités.
Avec Noël est arrivé un cadeau inattendu à destination des lecteurs de Minuscule infini : au détour d’une conversation, mon amie Charlotte m’apprend en effet qu’une de ses collègues a eu l’excellente idée de rédiger une lettre extrêmement bien documentée et construite pour convaincre le personnel du milieu d’accueil de sa fille de renoncer à l’utilisation des couches jetables au profit des lavables.
Par chance, l’auteure de cette lettre accepte d’en partager le contenu avec la communauté de Minuscule infini ! Je suis particulièrement en joie car, en fidèle utilisatrice des couches lavables, j’aurais grandement apprécié de disposer d’un outil aussi bien fait à destination de la crèche de June (à défaut de quoi, puisqu’on m’y avait annoncé dès l’inscription l’impossibilité des lavables, je me suis contentée d’un pauvre certificat médical me permettant de fournir les jetables de mon choix…).
Voici donc la lettre de Laurence Martin : tu peux te l’approprier et la personnaliser pour convaincre à ton tour le personnel du milieu de garde de ton enfant d’accepter l’utilisation des couches lavables. Grand merci à Laurence pour ce beau cadeau ! Je ne doute pas qu’il fera gagner de la motivation et un temps précieux à tous les parents qui souhaitent un mode de vie plus sain et respectueux pour leur famille.